Contradictions et incohérences
( Editorial de "L'Ami du Canal" N°18 été 2014, bulletin de liaison de l'Association )
Comme en d’autres domaines, une grande politique des transports et d’aménagement des territoires devrait d’abord préciser les enjeux, fixer des objectifs, et retenir les priorités.
Elle devrait ensuite s’attacher à une vision globale et au respect des équilibres, préalablement aux choix et décisions.
Mais , en France, dans la réalité, les gouvernants procèdent-ils bien de la sorte ?
Rien n’est moins sûr, d’autant que depuis l’an passé, contradictions et incohérences s’accumulent .
En juillet 2013, le Gouvernement a validé les recommandations de la Commission Mobilité 21, dont la cohérence de la démarche a laissé nombre d’observateurs perplexes.
Ainsi, pourquoi la LGV Lyon-Turin, l’aéroport de Notre Dames des Landes, et le canal Seine-Nord ont-ils été retirés du champs d’étude de la commission et traités à part, alors qu’ils figuraient pourtant au SNIT (Schéma National des Infrastructures de Transport ), objet même de cette commission ?
L’objectif affiché était alors de « privilégier les transports du quotidien ».
Pour cela, fallait-il absolument privilégier les transports en commun au détriment du transport de fret -pourtant quotidiennement indispensable au fonctionnement de notre économie et à notre alimentation - lequel produit par ailleurs 45% des émissions de gaz à effet de serre des transports?
De même, le volet transports du Plan d’investissements d’avenir, présenté dans la foulée, n’a pas été à la hauteur des ambitions affichées alors par le Gouvernement.
L’heure est -paraît-il- à la transition écologique et énergétique, priorité officiellement affichée.
Alors pourquoi délaisser la voie d’eau qui transporte en sécurité, sans pollution atmosphérique ni nuisances sonores, consomme 4 fois moins d’énergie fossile et produit peu de gaz carbonique?
La contradiction la plus fragrante réside bien dans le sort réservé au projet de liaison fluviale Saône-Moselle.Saône-Rhin, inscrit au Grenelle de l’environnement, en phase préliminaire d’un débat public (planifié sur 2013), et dont l’intérêt stratégique avait été souligné par la Commission Mobilité 21.
Comment admettre alors, que la France repousse son engagement à l’après 2050, après que l’Europe ait confirmé en mai 2013 l’inscription au RTE-T (Réseau Transeuropéen de Transport) de cette liaison prioritaire du Corridor Mer du Nord-Méditerranée, avec une réalisation en 2030 au plus tard?
Contradictions et incohérences, on vous disait…