Aux calendes grecques ?
( Editorial de L'Ami du Canal N°17 été 2013 )
A l’heure où nous imprimons ce bulletin, Philippe Duron, le président de la Commission Mobilité 21, chargée de « trier, hiérarchiser et mettre en perspective les grandes infrastructures » du SNIT ( Schéma National des Infrastructures de Transport ), avait présenté son rapport officiel.
Avec bon nombre d’autres projets routiers, ferroviaires et aéroportuaires, Saône-Moselle.Saône-Rhin se retrouve dans la catégorie des projets à réaliser à des «horizons lointains» (soit après 2050), c'est-à-dire, en d’ autres termes, repoussé aux calendes grecques, après arrêt des études engagées.
Seine-Nord, qui bénéficiait d’un large consensus, a été remis en cause à l’issue une mission conjointe du Conseil Général de l’environnement et du Développement Durable et de l’Inspection Générale des Finances destinée à faire le point sur le montage financier et le montant réel du projet.
Depuis peu, il fait l’objet d’une nouvelle mission, dite de «reconfiguration» - en clair : de réduction de son coût - confiée par le Ministre des transports au député Rémi Pauvros, ce qui repousse le début des travaux de plusieurs années.
Voilà qui est significatif de l’intérêt porté en France aux liaisons fluviales du Grenelle1 de l’environnement et du SNIT, et au transport fluvial en général, alors même que leur importance stratégique commande de poursuivre sans attendre les procédures engagées ces dernières années.
Chacun conviendra que l’argent public se fait rare par les temps qui courent.
Mais, s’il est justifié de planifier les projets dans le temps, reporter Saône-Moselle.Saône-Rhin au-delà de 2050 ne l’est pas, pour de nombreuses raisons.
En effet, ce projet, avec Seine-Nord, est particulièrement emblématique du Grenelle1 de l’environnement, lequel avait redonné au fluvial sa vraie place dans les transports .
Le Grenelle avait également prévu un débat public, qui devait se dérouler en 2013, pour lequel des réunions préliminaires avaient débuté, et des études étaient sur le point de s’achever.
Par ailleurs, l’Union Européenne a inscrit en 2011 Saône-Moselle.Saône-Rhin au RTE-T (Réseau Transeuropéen de Transport) à titre de projet prioritaire (Corridor Mer du Nord-Méditerranée) devant être réalisé avant 2030.
Enfin, SM.SR répond largement aux différents critères de performances logistiques, écologiques, sociétales et socio-économiques, retenus par la Commission Mobilité 21 pour évaluer les projets
Alors, est ce bien raisonnable d’archiver aujourd’hui des études récentes et de gaspiller les crédits engagés, pour renvoyer aux calendes grecques un projet éminemment stratégique ?